C'est en forgeant qu'on devient forgeron
Apprendre à forger et transformer le métal demande la maîtrise de plusieurs gestes très techniques comme : couper, étirer, plier, refouler, laminer, estamper, matricer, cintrer, souder, percer, tremper, couler, calibrer, rectifier… ce qui induit forcément un long apprentissage pour un résultat à la hauteur de vos espérances !
Si un simple clou ne prend que quelques minutes à réaliser (à peine 5mm) pour un forgeron expérimenté, une hache de charpente peut nécessiter l’intervention de plusieurs forgerons pendant plusieurs heures, jusqu’à une journée entière ! Au moyen âge, un maître forgeron pouvait être assisté par plusieurs autres forgerons en phase d’apprentissage, chacun se concentrant sur un aspect précis du forgeage : la chauffe pour le chauffeur, la frappe pour le frappeur… Cette formation en équipe de forgerons augmentait d’autant la productivité par une répartition précise des tâches : le séquençage et la répartition des tâches d’une activité à la chaine pour une plus grande productivité était déjà d’actualité !
La chauffe : une étape primordiale
Pour forger il est également essentiel de contrôler tout le processus de mise en chauffe des pièces ou l’art « des chaudes ». Car la plupart du travail se réalise bien entendu en montant les pièces de métal à haute température pour les rendre malléables à toutes les transformations que l’on souhaite leur donner sous l’effet de la chaleur ; il faut donc impérativement apprendre à diriger son feu. Savoir chauffer rapidement de façon homogène vos pièces de fer à forger est indispensable. Une « chaude » peut être définie comme l’intervalle de temps pendant lequel le métal est suffisamment chaud pour être travaillé (il faut battre le fer quand il est chaud). Un forgeron expérimenté sait réduire au minimum le nombre de chaude pour produire ses pièces et il doit même être capable de gérer la chauffe de plusieurs outils en même temps, c’est ce qui s’appelle avoir plusieurs fers au feu ! En claire, être capable de mener de front, différents travaux ou autrement dit avoir plusieurs cordes à son arc, courir plusieurs lièvres à la fois… les expressions imagées ne manquent pas toutes pour exprimer cette faculté d’entreprendre plusieurs choses en même temps !!!
Forge technique, quel est le meilleur charbon de forge
Par ce qui précède nous avons donc vu que la chaleur, le feu est indissociable d’une forge de qualité. Par ailleurs, il existe de nos jours différents principes techniques de forge moderne : électrique ou au gaz. Cependant ces forges techniques demandent généralement des installations plus sophistiquées, lourdes et couteuses qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Nous n’aborderons donc ici que les forges à charbon qui sont encore actuellement la technique de forge la plus couramment utilisée par les artisans ou amateurs forgerons. Comme vous l’avez compris, pour une forge à charbon, il vous sera donc impératif d’utiliser le meilleur combustible pour un excellent rendu de vos travaux de forge. Nous vous proposons ici deux types de combustible pour forge à charbon : le minéral ou végétal.
Tout sur les différents charbons de forge
La houille de forge est un charbon minéral, anthracite spécifiquement sélectionné pour répondre aux exigences d’une montée en chauffe rapide (charbon très flambant ou « gras », en réalité il a simplement un taux de matière volatile élevé), sans dégagement de fumées nocives (très pauvre en souffre) et très propre, sans poussière, ne laissant que très peu de déchets (mâchefers) pour ne pas corrompre la qualité de vos travaux et mélangeant des impuretés (phosphore) dans le métal mais au contraire protéger la pureté de votre travail de forge. Cette houille de forge à une très forte densité (~1T/m3) procurant ainsi un fort pouvoir calorifique pendant une très longue durée, à contrario il est plus difficile à allumer au démarrage.
Le charbon de bois provenant des meilleures essences de végétaux est un charbon produit par la carbonisation de biomasse (nous utilisons du bois brut de chêne de forêts françaises pour notre fabrication). Ce processus permet une concentration du carbone (>80% de taux de carbone fixe) tout en épurant le bois de ses fumées et goudrons. Parfaitement cuit, pendant plusieurs heures à des températures d’environ 500 C° dans un environnement pauvre en oxygène, nous vous proposons un charbon de bois bien calibré et homogène (de 25 à 40mm) pour une efficacité de chauffe maximum. Le charbon de forge végétal à un démarrage rapide, il est très facile à mettre en œuvre, cependant il demande une plus grande maîtrise de la forge car d’une densité inférieure à la houille (~150kg/m3) il se consume malheureusement plus vite.
Tout savoir pour débuter et apprendre la forge
Au-delà d’un excellent combustible : le charbon, pour une maîtrise parfaite de votre foyer, il vous faudra savoir contrôler précisément votre comburant : l’oxygène. C’est-à-dire, mesurer exactement la quantité d’air que vous allez devoir envoyer dans votre foyer pour conduire votre feu : accélérer ou au contraire ralentir la montée en chauffe. Pour ce faire vous devez posséder une installation vous permettant de contrôler précisément ces apports en air par l’intermédiaire d’une soufflerie réglable en puissance ou même simplement d’un très bon soufflet, il en existe avec plusieurs poches synchronisées permettant une bonne gestion pour un apport d’air efficace et continue.
L’installation de votre foyer sera donc la pièce maitresse pour faire de la forge. Une fois celle-ci réalisé et maîtriser, il ne vous manquera plus que quelques équipements et outils de base pour bien démarrer comme une enclume, des pinces, marteaux et autres râpes (il en existe de beaucoup de sortes, tous adaptés à des travaux de forge spécifiques) que vous trouverez sur d’excellents sites très spécialisés comme Michel Vaillant Maréchalerie regroupant tout le matériel de forge. Pour notre part, nous sommes un fournisseur de charbon de forge, nous ne vendons que le consommable pas l’équipement. Vous pourrez également trouver beaucoup de matériels d’occasion à moindre coût et ainsi commencer à apprendre la forge sans dépenser une fortune.
Mais, bien plus que le matériel, il vous faudra surtout vous armer de beaucoup de patience car apprendre à façonner de belles pièces prend du temps. Vos premières œuvres, mêmes imparfaites, vous permettront de progresser. En observant avec précision chaque chauffe, chaque frappe vous devez mesurer l’évolution de votre travail et progresser petit à petit. Vous connaissez l’adage : « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ».
Une astuce : débutez avec des pièces de métal ordinaire, bon marché et n’ayez pas peur de recommencer, car la plupart des erreurs sont réparables avec une nouvelle chauffe. Et si votre réalisation n’est pas à la hauteur de vos attentes, alors pas de souci, votre travail est entièrement recyclable pour une nouvelle réalisation. Avec la forge au charbon, nous sommes dans l’économie circulaire et l’énergie durable pour le charbon de bois !!!